L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

< Les bulletinsTélécharger ce bulletin Février-mars 2024

Famille et enfance

Etre parent aujourd'hui

— Mariella Collini

Les parents jouent un rôle fondamental de la naissance jusqu’à la majorité de l’enfant. Les réalités vécues et les difficultés rencontrées par les parents évoluent au rythme des anniversaires de leur progéniture ainsi que des nombreux changements sociaux, économiques et culturels. Des enjeux contemporains, tels que la santé mentale, le télétravail ou les effets des technologies, posent des défis individuels et collectifs. Aperçu de la réalité vécue par des parents de l’Abitibi-Témiscamingue.




À la demande du ministère de la Famille, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a réalisé une vaste enquête auprès de parents d’enfants âgés de 6 mois à 17 ans. L’Enquête québécoise sur la parentalité (EQP) 2022 explore diverses facettes de la vie des parents et des familles, allant des conditions de vie aux responsabilités et expériences parentales. En Abitibi-Témiscamingue, 846 parents – mères ou pères – ont répondu au sondage entre mars et août 2022, pour un taux de réponse pondéré de 56 % (62 % au Québec). L’édition 2022 servira de point de départ pour suivre l’évolution de la situation des parents et des familles au Québec, puisque le ministère envisage de répéter l’enquête tous les cinq ans.

PROFIL DES PARENTS
En Abitibi-Témiscamingue, le profil des parents se distingue à certains égards de celui du reste de la province. Les parents sont plus jeunes, avec une proportion âgée de 29 ans et moins plus élevée (15 % c. 6,5 %). Leur scolarité reflète la tendance régionale, avec une plus grande part de parents sans diplôme (11 % c. 7 %) ou avec un diplôme de niveau secondaire (38 % c. 26 %). Ils sont moins nombreux à avoir un diplôme universitaire comparativement aux parents du reste du Québec (29 % c. 46 %). Bien que les deux tiers des parents de la région vivent dans une famille intacte, ils sont plus nombreux, en proportion, à vivre dans une famille monoparentale (20 % c. 17 %) ou recomposée1 (14 % c. 10 %) que dans le reste de la province. Aussi, ils sont à la tête de familles plus nombreuses, avec une proportion moins élevée de familles avec un seul enfant (30 % c. 34 %). La relative jeunesse des parents se traduit par une plus grande présence d’enfants d’âge préscolaire (0-5 ans) dans les foyers de la région que dans ceux du reste du Québec (47,5 % c. 42 %), et moins d’enfants âgés de 6 à 11 ans (30 % c. 33 %).


SITUATION ÉCONOMIQUE
Si de manière générale, la situation financière des familles est plus favorable dans la région, avec un revenu significativement plus élevé (53 % c. 48 %), le niveau d’endettement révèle la vulnérabilité de certaines d’entre elles advenant une baisse de revenu ou une hausse des taux d’intérêt, par exemple. Près de la moitié estime que leur famille est moyennement (34 % c. 30 %) ou assez/très endettée (13 % c. 10 %).

De manière comparable aux familles québécoises, près du quart des parents de la région perçoivent leurs revenus comme insuffisants ou très insuffisants pour répondre aux besoins essentiels de leur famille (logement, habillement, alimentation). Parmi eux, la moitié affirme vivre cette précarité financière depuis au moins trois ans. Sans égard à leur situation financière, les parents de la région ont été plus enclins (9 %) à recourir à des services d’aide alimentaire ou matérielle que leurs homologues québécois (7 %) au cours de l’année précédant l’enquête.

MILIEU DE VIE
La perception du milieu de vie des familles est influencée par la qualité de leur logement, la sécurité perçue du quartier, ou encore par la proximité des commerces et des services. Plus il y a de caractéristiques2 liées au milieu de vie perçues comme favorables, plus les parents auront une appréciation plutôt ou très positive de leur milieu. Dans la région, les parents sont significativement plus nombreux, en proportion, à percevoir plutôt positivement la qualité de leur cadre de vie (51 % c. 46 %), indiquant au moins 3 des 9 aspects à l’étude comme problématiques, alors qu’ils sont moins nombreux à l’évaluer de manière très positive (37 % c. 41 %), donc sans aucun aspect jugé problématique. Environ 11,5 % le considèrent de façon peu positive, jugeant négativement au moins 4 des 9 caractéristiques. Les composantes du cadre de vie les moins bien perçues dans la région sont la proximité des commerces de base (épiceries, pharmacies) et des services (écoles, services de garde, cliniques médicales, installations culturelles et sportives, etc.). Les bruits provenant de l’extérieur ainsi que la qualité de l’air (poussières, pollutions, odeurs) suivent, sans toutefois se distinguer de manière significative du reste du Québec.

LA SANTÉ
La santé des parents de la région est perçue de manière comparable à celle de leurs homologues québécois. Cependant, l’Abitibi-Témiscamingue se démarque avec une proportion significativement plus élevée de parents signalant vivre avec au moins un enfant ayant des problèmes de santé physique ou mentale chronique, un trouble du développement, de l’apprentissage ou du comportement que dans le reste du Québec (26 % c. 23 %). Or, la proportion de parents ayant de la difficulté à faire le suivi des apprentissages ou des travaux scolaires est significativement moins élevée dans la région que dans le reste du Québec (15 % c. 19 %).

EMPLOI ET CONCILIATION FAMILLE-TRAVAIL
Au moment de l’enquête, 90 % des parents d’enfants de 6 mois à 17 ans occupaient un emploi dans la région, une proportion com-parable à l’ensemble du Québec. Cependant, l’Abitibi-Témiscamingue se distingue quant aux horaires de travail et de télétravail. Une proportion plus élevée de parents travaille plus de 40 heures (30 %) et jongle avec un horaire de travail atypique3(36 %). À ce chapitre, l’Abitibi-Témiscamingue se positionne au 2e rang, juste après le Nord-du-Québec et devançant la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et la Côte-Nord. Bien que le télétravail soit une nouvelle réalité du marché du travail, la part de parents qui travaillent régulièrement à la maison est nettement inférieure dans la région par rapport à celle du reste de la province (26 % c. 42 %), que ce soit en adoptant la formule hybride ou à 100 % en télétravail.

Hormis le télétravail, l’enquête s’est penchée sur trois autres mesures de conciliation famille-travail soit un horaire de travail flexible, une banque d’heures ou l’aménagement et la réduction du temps de travail. Bien que les données ne détaillent pas précisément l’utilisation de chaque mesure par les parents salariés de la région, on observe qu’ils ont recours à un plus grand nombre de ces mesures que leurs homologues du reste du Québec. Environ 40 % utilisent deux ou trois mesures, contre 34 % pour les parents québécois, alors que 30 % en utilisent une seule (34 % au Québec). L’autre 30 % n’utilise aucune des trois mesures ou n’y a pas accès.

Caractéristiques de l’emploi pour les parents d’enfants de 6 mois à 17 ans
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2022

 

Abitibi-Témiscamingue

Ensemble du Québec

Horaire de travail

  - Moins de 35 heures

14,8 %

13,1 %

  - De 35 à 40 heures

54,9 % (-)

61,4 %

  - Plus de 40 heures

30,2 % (+)

25,5 %

Type d’horaire - Atypique

36,3 % (+)

29,0 %

Télétravail

  - Aucun télétravail

73,7 % (+)

57,9 %

  - Travail hybride

19,9 % (-)

26,3 %

  - 100 % en télétravail

6,4 % (-)

15,7 %

Utilisation de mesures de conciliation travail-famille (parent avec emploi salarié)

  - Aucune

30,1 %

32,2 %

  - Une mesure

30,1 % (-)

34,0 %

  - Deux ou trois mesures

39,8 % (+)

33,8 %

+/– Proportion de la région significativement supérieure (+) ou inférieure (–) à celle du reste du Québec au seuil de 0,05. 

Dans l’ensemble, une majorité de parents salariés de la région (56 %) estiment rencontrer peu de difficultés à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales. Ainsi, le temps consacré au travail de même que l’épuisement ou le stress qui peuvent en découler interfèrent peu sur leur vie familiale. À l’opposé, 43 % des parents indiquent que leurs obligations professionnelles affectent de manière modérée à élevée leur vie familiale. Ces constats peuvent être mis en relation avec l’utilisation ou non de mesures de conci-liation et leur degré de satisfaction envers leur expérience parentale (voir encadré).

EXPÉRIENCE PARENTALE
L’expérience parentale réfère à la fois aux sentiments et aux connaissances des parents concernant leur rôle auprès de leurs enfants et de leur développement. Les parents de l’Abitibi-Témiscamingue ne vivent ni plus ni moins de stress parental, de difficultés liées à leur gestion parentale, de rythme de vie exigeant ou de pression que leurs homologues du Québec. Parmi les défis rencontrés par les parents, la gestion de l’utilisation des écrans par leurs enfants (2 à 17 ans) est de loin le plus difficile, et ce, pour plus du tiers des parents de la région. Viennent ensuite la discipline et l’encadrement (18 %), le suivi des apprentissages (15,5 %) et les habitudes de vie comme l’alimentation, le sommeil et l’activité physique (14 %). 

Niveau de stress et de difficulté lié à la gestion pour les parents
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2022

 

Abitibi-Témiscamingue

Ensemble du Québec

Niveau de stress parental - enfants de 6 mois à 17 ans

  - Faible

22,6 %

19,9 %

  - Modéré

55,3 %

56,6 %

  - Plus élevé

22,1 %

23,5 %

Niveau de difficulté lié à la gestion parentale - enfants de 2 à 17 ans

  - Peu difficile

46,6 %

43,6 %

  - Plutôt difficile

38 %

38,4 %

  - Très difficile

15,4 %

18,0 %

 

PARTAGE DES RESPONSABILITÉS
Plus de la moitié des parents ayant au moins un enfant en commun affirment bénéficier d’un soutien élevé de leur partenaire, soit une marque comparable à celle des couples québécois. Toutefois, le partage des responsabilités parentales au sein du couple est perçu moins équitablement (44 % c. 52 %) dans la région que dans le reste du Québec. Un tiers des partenaires estiment que les responsabilités leur incombent plus fréquemment, et un cinquième reconnaissent que leur partenaire assume plus souvent ces responsabilités. Somme toute, la satisfaction globale des couples de la région envers la répartition des responsabilités parentales est assez élevée.

SOUTIEN DE L’ENTOURAGE

Les parents de la région sont plus nombreux, en proportion, à disposer d’un réseau social diversifié, incluant les parents de l’un ou l’autre des partenaires, la parenté et même, le cercle d’amis et de collègues. En cas de difficultés importantes, la disponibilité du réseau est plus élevée pour les parents de la région comparativement à celle de leurs homologues québécois.

Notes :
1. En raison du faible échantillon, les données ne sont pas traitées pour les caractéristiques de parents ayant un enfant issu d’une union antérieure (recomposée).
2. Taille du domicile; Bruits provenant de l’extérieur; Relations avec le voisinage; Qualité de l’air; Sécurité du quartier ou du milieu de vie; Présence et qualité des espaces verts; Facilité à se déplacer dans le quartier; Proximité des commerces; Proximité des services.
3. Horaire irrégulier, de soir, de nuit ou de fin de semaine.

Source : Lavoie, Amélie, et Alexis Auger, Être parent au Québec en 2022 - Un portrait à partir de l’Enquête québécoise sur la parentalité 2022, Institut de la statistique du Québec, 2023.



M'inscrire