L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Agriculture et agroalimentaire

Avoir son quota

— Valérie Shaffer

Un producteur agricole sur cinq a pour principale source de revenu la production laitière en Abitibi-Témiscamingue. Alors que la diminution du nombre de fermes est une réalité bien présente dans la région comme ailleurs, dans quel contexte les producteurs laitiers évoluent-ils ? Comment se quantifie le fruit de leur labeur ?




La production laitière a la particularité d’être définie par la gestion de l’offre. En d’autres termes, la production laitière doit s’ajuster à la consommation. Ainsi, un producteur doit disposer de quotas pour pouvoir produire ou mettre en marché un volume déterminé de lait.

LES PRODUCTEURS
Les producteurs de lait n’échappent pas à la décroissance qui touche l’ensemble du secteur agricole. De 2014 à 2019, leur nombre a diminué de 129 à 96 en Abitibi-Témiscamingue, et de 5 961 à 4 877 dans l’ensemble du Québec. La grande majorité des entreprises laitières de la région étaient réparties dans trois MRC : Témiscamingue (41), Abitibi (25) et Abitibi-Ouest (24). La Vallée-de-l’Or et Rouyn-Noranda comptaient respectivement 4 et 2 entreprises.

La consommation de produits laitiers

Entre 2005 et 2015, la consommation de produits laitiers par habitant suivait une tendance baissière au Canada. En contrepartie, l’augmentation de la population canadienne au cours de cette période a entraîné une progression de 1 % de la consommation pour l’ensemble de la population canadienne.

Source : Carol Gilbert, La transformation laitière canadienne : de plus en plus au Québec, Bioclips, Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, 31 janvier 2017.

 

LES QUOTAS ET LA PRODUCTION
La détention de quota dans la région se situait à 5 143 kg m.g./jour (quota unique) en 2014, a atteint jusqu’à 6 265 kg m.g./jour (2017), puis s’est établie à 5 321 kg m.g./jour en 2018. À celle-ci s’ajoutait la détention de quotas des programmes de démarrage et de relève d’entreprises laitière. Cela portait donc la région à une moyenne de 57,55 quotas par entreprise, ce qui est inférieur à la moyenne québécoise de 75,65 (2018). Cette situation s’explique en partie par la présence dans la région de quelques producteurs détenant un très petit nombre de quotas.

Quant à la production, bien qu’elle a connu de légères fluctuations, on ne peut noter une tendance marquée, alors qu’elle est passée de 489 400 à 488 200 hectolitre (hl) de 2014 à 2018.

On observe toutefois une baisse des recettes brutes et du prix moyen net, autant dans la région qu’au Québec. Alors que les recettes brutes de la région étaient de 40,6 M$ en 2014, elles se situaient à 37,7 M$ en 2018. Dans la même période, le prix moyen net est passé de 77,12 $/hl à 71,69 $/hl.

Détention totale de quotas
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2018

  Région Québec
Nombre de producteurs 97 5 050
Quotas (kg de m.g./jour) 5 320,53 374 243 63
Détention moyenne de quotas par entreprise 57,55 76,65
Production totale (hl) 488 207 33 535 865
Recettes brutes (k$) 37 662 2 575 100
Prix moyen net ($/hl) 71,69 71,35


Note : Les quotas excluent les quotas des programmes de démarrage et de relève d’entreprises laitière, mais la moyenne les inclut.

Sources : Les Producteurs de lait d’Abitibi-Témiscamingue, Rapport d’activité 2018, 2019 et Institut de la statistique du Québec, Fédération des producteurs de lait du Québec, Statistiques relatives à la production laitière, régions administratives et ensemble du Québec, 2014-2018, [En ligne] Page consultée le 17 janvier 2020.

LA RELÈVE
Entre 2006 et 2015, 10 entreprises ont démarré dans la région par l’entremise du Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières, mais aucune de 2016 à 2018, même si l’Abitibi-Témiscamingue figure parmi les régions prioritaires.

Quant au Programme d’aide à la relève en production laitière, le nombre annuel d’entreprises bénéficiaires était de 2 ou 3 entre 2014 et 2018, alors qu’il oscillait entre 5 et 6 de 2009 à 2013.

Si l’offre limitée de vente de quotas et leur prix, fixé à 24 000 $, constituent des défis à l’établissement de la relève, l’incertitude quant aux accords commerciaux internationaux de libre-échange pourrait également constituer un frein pour celle-ci.



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