L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Territoire

Vue à vol d'oiseau de la région

— Mariella Collini

Comprendre l’évolution de la couverture terrestre permet de mieux saisir les relations entre l’environnement, l’économie et le développement de ce territoire. Les comptes des terres produits par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) prennent une mesure de la transformation du territoire, que celle-ci soit causée par des phénomènes naturels ou par l’activité humaine.




Les comptes des terres ont pour principale source de données les inventaires écoforestiers du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). La superficie des terres, exprimée en km2, est répartie selon des classes de couverture terrestre. Les classes naturelles, incluant les forêts, les milieux humides, ainsi que les plans et cours d’eau intérieure, se distinguent des milieux anthropiques comme les terres agricoles et les surfaces artificielles.

Les périodes d’analyse des données sont d’environ 10 ans. La période 1 observe les changements de couvertures terrestres entre le 3e et le 4e inventaire écoforestier, soit entre 1993 et 2005 et la période 2, entre le 4e et le 5e inventaire, soit entre les années 2005 et 2016. Comme l’Abitibi-Témiscamingue est du nombre des 6 régions administratives dont les données de la période 2 sont disponibles, l’article porte sur une période cumulative d’environ 20 ans, sur une couverture terrestre de 60 974 km2, correspondant à 94,3 % du territoire.

CONSTATS
Selon les plus récentes images aériennes de l’Abitibi-Témiscamingue, le couvert forestier représente les deux tiers du territoire régional, alors que l’autre tiers se compose surtout des milieux humides (20 %) et des plans d’eau (11 %). Les terres agricoles (2 %) et les surfaces artificielles (0,6 %), surtout liées aux milieux urbanisés, couvrent le reste du territoire.

Sur une période de 20 ans, la conversion des terres agricoles en milieux naturels (principalement de forêts) ou pour des usages urbains constitue le plus grand changement de couverture terrestre observé en km2 et en pourcentage sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue.

Terres agricoles
Les terres agricoles regroupent les terrains servant à la culture végétale, au pâturage, à la jachère ainsi que les boisés, les marécages et les marais utiles à la production agricole. Elles excluent les bâtiments et les productions intérieures, qui sont classées dans les surfaces artificielles.

Sur une vingtaine d’années, la superficie des terres agricoles est passée de 1 639 km2 à 1 371 km2, soit une diminution de 268 km2. À titre comparatif, cette diminution représente une superficie similaire à celle de la municipalité de Latulipe-et-Gaboury. La perte de superficie des terres agricoles s’est surtout manifestée lors des années 1990, pour ralentir dans les années 2000. Le phénomène d’enfrichement des terres agricoles est la principale cause de cette diminution, suivi de l’artificialisation des terres. Deux MRC se distinguent par un empiètement du couvert forestier sur le couvert agricole, soit la Ville de Rouyn-Noranda dans les années 1990 et la MRC d’Abitibi-Ouest durant la décennie suivante.

Surfaces artificielles
L’artificialisation des terres implique la mise en place d’aménagements nécessaires aux activités humaines (routes et stationnements, logements, industries et commerces, infrastructures de loisirs, productions agricoles intérieures, mines, etc.). Si la superficie de terres artificielles demeure relativement peu élevée par rapport aux autres classes, cette dernière enregistre la plus forte augmentation en pourcentage (17,5 %) au cours des 20 dernières années. Ainsi, l’artificialisation des terres s’est concrétisée par l’ajout de 51 km2, pour totaliser 344 km2. Ce phénomène s’est principalement réalisé au détriment de surfaces naturelles, principalement forestières. Le phénomène d’artificialisation est surtout observable sur le territoire de La Vallée-de-l’Or. Le rapport indique qu’il n’est pas possible de distinguer l’usage des terres nouvellement artificialisées, à savoir résidentiel, commercial ou industriel par exemple.

Milieux naturels
Sur une période d’environ 20 ans, on observe des superficies terrestres, au net, un peu plus grandes pour les milieux humides et les forêts en Abitibi-Témiscamingue. Les gains de couverture sont estimés à 188 et 44 km2 respectivement, et ce, en provenance de la transformation des terres agricoles. Quant à la stabilité relative (+8 km2) des plans et cours d’eau intérieure, elle s’explique par le peu d’ennoiement ou d’assèchement sur de grandes superficies.  

Comptes physiques et variation de couverture terrestre, en km2
> Abitibi-Témiscamingue, au cours des décennies 1990 à 2010

 

 

Stocks (superficie de terres en km2)

Changements nets

1993

2005

2016

De 1993 à 2016

Surfaces artificielles

292

320

344

51 km2

17,5 %

Terres agricoles

1 639

1 452

1 371

-268 km2

-16,3 %

Milieux humides

11 768

11 922

11 956

188 km2

1,6 %

Plans et cours d’eau intérieure

6 752

6 760

6 760

8 km2

0,1 %

Forêts

40 488

40 500

40 532

44 km2

0,1 %

Notes : Les années sont les années principales de prises d’images aériennes pour la région. Afin que les périodes soient comparables, certaines données ont été adaptées, ce qui explique la différence dans les données incluses aux matrices complètes du rapport.
Source : Institut de la statistique du Québec (ISQ), Comptes des terres du Québec méridional – Édition 2023.

 

 

 

 



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