L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Démographie

Modéliser l'avenir démographique

— Mariella Collini

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a révisé les projections démographiques publiées en 2019 pour y intégrer à court terme les impacts potentiels liés à la pandémie de COVID-19. Grand constat pour l’Abitibi-Témiscamingue : la légère décroissance anticipée d’ici 2041 serait plus prononcée que prévu selon le plus récent exercice prospectif.




Selon les projections démographiques de l’ISQ, c’est à approximativement 146 000 personnes que devrait se chiffrer la population de l’Abitibi-Témiscamingue en 2041. Cette prévision représente 1 900 personnes en moins, ce qui correspond à une baisse de population de l’ordre de 1,3 % par rapport à 2020. Cette prévision s’avère plus pessimiste que celle élaborée en 2019, où la diminution projetée était de -755 personnes ou de - 0,5 % entre 2020 et 2041.

Le graphique ci-dessous illustre l’évolution de la population à court, moyen et long terme. À la lumière des tendances passées et récentes relatives à la fécondité, à la mortalité et à la migration (tous types confondus), la population accuserait un très léger recul au 1er juillet 2021. Par la suite, elle renouerait avec la croissance, bien que de très faible amplitude, jusqu’en 2026. Dès lors, une tendance à la décroissance s’amorcerait et se poursuivrait jusqu’en 2041, tel que le présageait le scénario de 2019.

Révision de la population projetée, scénario Référence de 2021 par rapport à celui de 2019
> Abitibi-Témiscamingue, 2020-2041

Note : La donnée 2020 du scénario 2021 est la donnée provisoire observée au 1er juillet 2020.
Source : Institut de la statistique du Québec, Mise à jour 2021 des perspectives démographiques du Québec et des régions, 2020-2066.

Les hypothèses sous la loupe

Si les hypothèses liées à la fécondité et à la mortalité du scénario 2021 sont similaires à celles de 2019, ce sont davantage les hypothèses liées aux migrations de population, particulièrement les mouvements de popu-lation entre les régions du Québec, qui ont subi des révisions plus importantes. Lors de l’exercice réalisé en 2019, le solde migratoire annuel total de la région – international, résidents non permanents, interprovincial et interrégional – affichait des pertes entre 2019 et 2023, pour ensuite engranger des gains jusqu’en 2041. Il y a un changement de paradigme à la lumière du scénario 2021, où on constate un solde migratoire annuel total négatif dès 2021, et ce, jusqu’en 2037.

Des tendances incontournables

Fait inaltérable, la structure d’âge de la population subira un vieillissement, avec 10 000 personnes aînées de plus d’ici 2041. Il s’agirait de 27 % de la population de la région, comparativement à 20 % en 2020. La diminution des personnes de 20 à 64 ans se poursuivrait non pas jusqu’en 2034 (scénario 2019), mais jusqu’en 2038, selon le scénario de 2021. La part des 20-64 ans passerait de 58 % en 2020 à 52 % en 2041. Le vieillissement et le remplacement de la main-d’oeuvre demeurent des enjeux indéniables de notre développement.

Cinq régions en décroissance

Si la majorité des régions du Québec continueraient de croître jusqu’en 2041, le scénario 2021 projette la diminution de la population de cinq régions. Outre l’Abitibi-Témiscamingue (-1,3 %), on trouve dans cette situation la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine (-4 %), le Bas-Saint-Laurent (-4,5 %), le Saguenay–Lac-Saint-Jean (-6 %) et la Côte-Nord (-13 %). Ces régions sont généralement moins favorisées par les migrations, notamment entre les régions du Québec et en provenance de l’international.

Comme les projections dessinent un futur possible, tout changement dans l’une des composantes démographiques peut modifier l’évolution de la population d’un terri-toire. Tel que le mentionne l’ISQ, il est difficile de prévoir comment divers phénomènes autres que démographiques – pensons à la planification de politiques gouvernementales (p. ex. : immigration, habitation, etc.), à l’essor économique, etc. – pourraient interférer sur les tendances passées et récentes. Depuis l’avènement de la pandémie, plusieurs experts sont interpellés sur un possible rééquilibrage des populations entre les grands centres et les régions éloignées. Si pour plusieurs, il est trop tôt pour se prononcer, Bernard Vachon illustre certaines tendances qui pourraient jouer un rôle favorable à l’occupation dynamique des territoires1. Il cite le télétravail, l’importance d’une meilleure qualité de vie, la recherche d’un cadre de vie sain ainsi qu’une quête de Vivre autrement (p. ex. : autonomie alimentaire). Dans cet ordre, les annonces concernant l’accès à Internet haute vitesse serait un frein en moins.

Source : 
1. Passerelles, Quel futur pour les régions éloignées?, article publié en septembre 2020 et mis à jour en juin 2021.



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