La pénurie de places en services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) s’observe à l’échelle du Québec. Toutefois, selon l’étude commandée par Ma place au travail1, une pression plus grande s’exerce sur les familles vivant en région, accentuant ainsi des inégalités territoriales. Au Québec, l’étude évalue que 38 % des enfants de moins de 5 ans sont en attente d’une place en SGEE. En Abitibi-Témiscamingue, entre 2023 et 2024, la pression sur les services de garde s’est accentuée avec une hausse de 8 % des enfants en attente d’une place, totalisant 972 enfants en mai 20242.
Nombre de places offertes en services de garde éducatifs
> MRC de l’Abitibi-Témiscamingue, mars 2025
Places en installation |
Places en milieu familial |
|
Abitibi | 335 | 289 |
Abitibi-Ouest | 249 | 294 |
La Vallée-de-l’Or | 832 | 354 |
Rouyn-Noranda | 879 | 313 |
Témiscamingue | 350 | 168 |
Abitibi-Témiscamingue | 2 693 | 1 418 |
Source : Ministère de la Famille, données au 31 mars 2025.
QUAND L’ATTENTE COÛTE CHER
Avec une proportion de 25 %, les familles témiscabitibiennes sont parmi celles qui attendent plus d’un an entre l’entrée souhaitée et l’obtention d’une place en SGEE, comparativement à 13 % pour l’ensemble du Québec. Cela place l’Abitibi-Témiscamingue au 3e rang, derrière la Côte-Nord (37 %) et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (30 %).
Cette attente n’est pas sans conséquences financières pour les familles de l’Abitibi-Témiscamingue. Plus de la moitié d’entre elles (56 %) rapportent une perte de revenu annuel brut dépassant
20 000 $ afin de pallier les effets liés à la recherche d’une place, soit le taux le plus élevé au Québec. De plus, 34 % des familles de la région affirment avoir dû s’endetter en raison de la pénurie, ce qui place l’Abitibi-Témiscamingue au 3e rang avec un écart de 9 points de pourcentage par rapport à la moyenne québécoise.
Face à la précarité financière occasionnée par ce contexte, l’étude met en lumière un niveau d’anxiété élevé partout au Québec. En Abitibi-Témiscamingue, 93 % des familles déclarent avoir ressenti de l’anxiété lors de leurs démarches, une proportion comparable à celle observée à l’échelle du Québec.
Ce constat s’inscrit dans une tendance plus large relevée dans un portrait régional des conditions de vie des tout-petits, soulignant qu’un parent sur quatre en Abitibi-Témiscamingue, ayant au moins un enfant de 0 à 5 ans, rapporte vivre un niveau de stress parental élevé, un taux similaire à celui enregistré dans l’ensemble de la province (26 %)3.
SOUTIEN VARIABLE
Au-delà des effets financiers et psychologiques recensés par l’étude commandée par Ma place au travail, la perception du soutien social chez les parents a aussi été documentée. À l’échelle du Québec, 41 % des familles en quête active d’une place en SGEE déclarent ne pas avoir pu compter sur leur réseau de proches pour les épauler. Dans ce contexte, près du tiers des familles (30 %) disent avoir dû adapter leur situation professionnelle, notamment en prenant un congé sans solde, en réduisant leurs heures ou en modifiant leur horaire.
En Abitibi-Témiscamingue, si 18 % des parents disent vivre un niveau élevé de conflit travail-famille, ils semblent néanmoins bénéficier d’un soutien légèrement plus présent que la moyenne québécoise. En effet, un parent sur 5 (20 %) d’un enfant de moins de 5 ans rapporte ne jamais ou rarement se sentir soutenu lorsqu’il se sent dépassé, soit près de 6 points de pourcentage de moins que dans l’ensemble du Québec3.
INTERVENIR DÈS LA PETITE ENFANCE
En 2022, plus du cinquième (22 %) des parents en Abitibi-Témiscamingue estimaient ne pas avoir les moyens de répondre aux besoins de base de leur famille, comme se nourrir, se loger ou se vêtir. Par ailleurs, on estime que dans la région, 23 % des enfants entre 0 et 5 ans vivaient dans un milieu considéré comme défavorisé selon l’indice de défavorisation matérielle en 2021. Cette proportion est légèrement supérieure à celle observée dans le reste du Québec (21 %)3. Puisque les interventions précoces favorisent le développement global des enfants et contribuent à réduire les inégalités4, assurer un meilleur accès à l’échelle provinciale dans l’accès aux services de garde éducatifs à l’enfance représenterait un levier supplémentaire pour soutenir le développement des tout-petits en Abitibi-Témiscamingue.
Sources : 1. Mallette, Étude socioéconomique des impacts de la pénurie de places en services de garde sur les familles au Québec, mars 2025. 2. Ministère de la Famille, Modèle d’estimation de l’offre et de la demande de places en services de garde éducatifs à l’enfance, au 31 mars 2025. 3. Observatoire des tout-petits, Portrait régional 2024 : Dans quels environnements grandissent les tout-petits au Québec? Portrait de l’Abitibi-Témiscamingue, 2025. 4. Collectif petite enfance, Inverstir en petite enfance, c’est agir pour l’avenir, Mémoire présenté au ministère des Finances du Québec, dans le cadre des consultations prébudgétaires 2023-2024, février 2023.