Au Québec, la proximité d’un arrêt de transport en commun varie fortement : 83 % des personnes en milieu urbain vivent à moins de 500 mètres d’un arrêt, comparativement à seulement 14 % en milieu rural². Parmi les 16 agglomérations de recensement (AR) et régions métropolitaines de recensement (RMR) analysées par l’OQI, Rouyn-Noranda se classe au 12ᵉ rang pour la proportion de la population résidant à moins de 500 mètres d’un arrêt de transport en commun, soit 47 %. À titre comparatif, la proportion pour Montréal, au premier rang, est de 85,5 %.

L’Union des transports adaptés et collectifs du Québec a mesuré l’accessibilité au transport collectif et aux sercices essentiels offerts dans les MRC pour trois régions administratives, dont l’Abitibi-Témiscamingue³. Bien que la mesure n’ait pu se faire pour l’ensemble des MRC4, les résultats ont permis de montrer que seulement 14 % des lieux de résidence de la MRC de Témiscamingue ont accès à au moins une épicerie, un établissement de santé et un établissement d’enseignement grâce au transport collectif. Dans les deux MRC les plus urbanisées, cette proportion est de 63 % dans La Vallée-de-l’Or et de 66 % à Rouyn-Noranda.

ENTRE RURALITÉ ET DISPARITÉS ÉCONOMIQUES

  • En Abitibi-Témiscamingue, près de la moitié de la population habite en milieu rural⁵.
  • Le revenu disponible par habitant en Abitibi-Témiscamingue (37 109 $) est légèrement supérieur à la moyenne québécoise (36 531 $). Cependant, certaines MRC se situent sous cette moyenne, notamment la MRC d’Abitibi-Ouest (34 148 $) et la MRC de Témiscamingue (33 050 $), où la proportion de population rurale est la plus élevée⁶.

QUAND SE DÉPLACER DEVIENT UN FACTEUR D’APPAUVRISSEMENT

Chez les ménages québécois, le transport occupe la 3e place des dépenses les plus importantes après l’alimentation et le logement, représentant 12 % des dépenses totales. Une part importante est consacrée au transport privé (11 %) comparativement au transport public (0,5%)7. L’absence d’une offre suffisante de transport collectif, particulièrement en milieu rural, pourrait expliquer qu’en Abitibi-Témiscamingue, 87 % de la population active utilise l’automobile pour se rendre au travail. Or, posséder et utiliser une voiture au Canada représente une dépense annuelle de 6 000 $ à 13 000 $⁸. L’automobile étant le principal moyen de transport en Abitibi-Témiscamingue, cette dépendance entraîne une iniquité supplémentaire pour la population. En outre, la région se classe au sixième rang parmi celles où le prix de l’essence est le plus élevé au Québec⁹. Selon l’analyse de l’OQI, la forte dépendance à l’automobile fragilise financièrement une partie de la population, particulièrement à l’extérieur des centres urbains.

Le transport pèse davantage sur le budget des ménages à faible revenu, qui y consacrent en moyenne 16 % de leur revenu, comparativement à 10 % pour les ménages plus aisés. Cette situation met en lumière l’injustice économique vécue dans les territoires où l’offre de transport collectif est limitée.

Parmi les enjeux prioritaires recensés par le Chantier régional du transport des personnes en Abitibi-Témiscamingue en 2024¹⁰, se trouvent de nouveaux besoins de mobilité liés notamment au vieillissement de la population ainsi qu’à l’arrivée de travailleuses et travailleurs ainsi que d’étudiantes et d’étudiants venus de l’étranger. Le renforcement du transport collectif est un des leviers pour favoriser l’inclusion et soutenir l’autonomie des personnes plus vulnérables¹¹, un réel défi dans un territoire vaste et à faible densité de population. Le Chantier régional souligne d’ailleurs l’importance d’adapter le financement gouvernemental aux réalités régionales et de soutenir la réduction des coûts d’exploitation afin de favoriser une offre de transport collectif optimale.

Sources : 1. Geoffroy Boucher, En panne de mobilité : les inégalités en matière de transport au Québec, Observatoire québécois des inégalités (2025). 2. « Rural » désigne une région à l’extérieur des centres de population dont la population est inférieure à 1 000 habitants. Statistique Cananda. 3. Union des transports adaptés et collectifs du Québec (2025), Rapport sur la mesure de l’accessibilité aux opportunités grâce au transport collectif régional. 4. En raison des caractéristiques du service de transport collectif dans la MRC d’Abitibi et la MRC d’Abitibi-Ouest, l’accessibilité n’y a pas été calculée. 5. Statistique Canada, Recensement de la population 2021. 6. ISQ, Évolution du revenu disponible par habitant en 2023 au Québec ainsi que dans ses régions et ses MRC, 2024.
7. ISQ, Dépenses moyennes des ménages en dollars courants et coefficients budgétaires, selon le poste de dépenses, ensemble des ménages – Classification à 4 niveaux, Québec, 2017-2019 et 2021. 8. Association canadienne de santé publique, Transport en commun – fiche d’information (février 2021). 9. Régie de l’énergie du Québec, Etude sur le marché de la vente au détail de l’essence au Québec. 10. Vecteur 5, Plan d’action du Chantier régional du transport des personnes en Abitibi-Témiscamingue. 11. Trajectoire Québec, Avis sur la Stratégie nationale de prévention en santé (2025).