L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Agriculture et agroalimentaire , Santé

Vers un territoire nourricier

— Nancy Ross

La mise en place de systèmes alimentaires durables est devenue un enjeu de développement pour les communautés, particulièrement dans les régions éloignées des grands centres urbains, comme l’Abitibi-Témiscamingue. Territoire nourricier en Abitibi-Témiscamingue : Un portrait préliminaire des initiatives collectives1 propose une analyse de la situation et des pistes d’action.




Tout d’abord, qu’est-ce qu’un territoire nourricier? Selon la définition du portrait réalisé par le Comité intersectoriel en saines habitudes de vie de l’Abitibi-Témiscamingue (CIRSHV-AT), et chapeauté par Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue, celui-ci priorise l’accès à la saine alimentation pour l’ensemble de sa population en consolidant un système alimentaire de proximité durable. Le système alimentaire durable (SAD) est un réseau de collaboration à l’échelle du territoire qui intègre toutes les composantes du cycle de vie des aliments, soit la production, la transformation, la distribution et la consommation de produits alimentaires, mais aussi la gestion des matières résiduelles, dans le but d’accroître la santé environnementale, économique et sociale de la collectivité2.

Dans son étude, le CIRSHV-AT recense les initiatives collectives s’inscrivant dans un SAD pour chaque MRC, pour ensuite analyser de quelle façon ces initiatives contribuent à l’établissement d’un territoire nourricier. Le portrait propose également des pistes de réflexion autour des défis et des enjeux mais aussi des conditions gagnantes pour établir un territoire nourricier durable dans la région.

Les initiatives porteuses

L’étude s’est penchée sur les initiatives alimentaires de proximité, en excluant l’agriculture industrielle. Les résultats montrent que la production alimentaire est la composante principale de 72 des 100 initiatives recensées. Les autres (28) touchent à la transformation, la distribution ou la gouvernance. Près de la moitié (47) des initiatives sont à échelle locale. C’est dans la MRC d’Abitibi qu’on dénombre le plus d’initiatives (24 %), suivie par la Ville de Rouyn-Noranda (18 %). Parmi les initiatives mises de l’avant figurent les aménagements comestibles à partager des Incroyables comestibles (Ville-Marie et Duhamel-Ouest), ainsi que l’atelier de jardinage et le projet de jardin communautaire et collectif pour tout-petits (CPE La Magie du Rêve, Val-d’Or).

Certaines initiatives régionales se démarquent, comme la quinzaine d’agriculteurs soutenus par la communauté, les 6 marchés publics saisonniers de la région et le site Goûtez AT qui permet à 44 producteurs et transformateurs d’exposer leurs produits. Une carte interactive des initiatives a été produite par Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue3 qui souhaite maintenant la bonifier en poursuivant le recensement.

Développer le territoire nourricier

Plusieurs entrevues (32) menées auprès des porteurs des initiatives ont permis de constater que celles-ci contribuent déjà au développement d’un territoire nourricier4. Cette analyse se base sur les cinq ingrédients définis par Vivre en ville5 : la présence d’un territoire productif, la présence d’entreprises prospères et responsables, l’accessibilité améliorée à des aliments de qualité, la demande pour les aliments locaux, ainsi que l’optimisation du cycle de vie des aliments. L’amélioration de l’accès aux aliments de qualité et la contribution à un territoire productif sont les principaux bénéfices qui ont été mis de l’avant par les personnes répondantes. Ces résultats s’expliquent par le fait que la majorité des initiatives portaient sur la production alimentaire.

Finalement, une analyse des quatre plans de développement des zones agricoles (PDZA) de la région a permis de mettre en lumière plusieurs conditions favorables à l’établissement d’un territoire nourricier, notamment l’accès à une grande réserve de terres arables, le prix des terres inférieur à celui d’autres régions, ou encore le grand nombre de terres en friche exemptes d’intrants chimiques et donc propices à la production biologique. Pour les années à venir, la mobilisation à grande échelle du milieu devra se concrétiser afin de permettre l’établissement d’un territoire nourricier dans une région où le potentiel agricole n’est pas encore exploité à son plein potentiel et qui constitue donc un terreau fertile pour repenser nos modèles agricoles de proximité.  

Sources : 1. Comité intersectoriel régional en saines habitudes de vie (CIRSHV), Territoire nourricier en Abitibi-Témiscamingue : Un portrait préliminaire des initiatives collectives, 2021. 2. Vivre en ville, 2014, d’après FCM, 2010 et GIEC, 2014. 3. Site Web de Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue. 4. Bédard, C., Portrait préliminaire du territoire nourricier de l’Abitibi-Témiscamingue (consultation uniquement), 2021. 5. Vivre en ville, Villes nourricières : Mettre l’alimentation au cœur des collectivités, 2014.



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