L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

< Les bulletinsTélécharger ce bulletin Mars-avril 2022

Démographie

D'une région à l'autre

— Mariella Collini

Chaque année, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) diffuse les données sur la migration interrégionale, ce qui permet de mettre en lumière cette composante importante du bilan démographique de la région et de ses territoires de MRC. Au-delà de la plus récente année 2020-2021, jetons un regard sur l’évolution de la migration à travers deux quinquennats.




LA PLUS RÉCENTE ANNÉE MIGRATOIRE

En 2020-2021, malgré des pertes nettes moins importantes (-205) qu’elles ne l’étaient en 2019-2020 (-320), l’Abitibi-Témiscamingue demeure au nombre des régions perdantes dans ses échanges migratoires avec les autres régions du Québec, avec un taux net de migration de -0,14 % en 2020-2021.

L’atténuation observée des pertes migratoires entre les deux dernières années n’est pas due à une diminution du nombre de sortants, au contraire (de 2 078 en 2019-2020 à 2 300 en 2020-2021), mais d’une augmentation du nombre d’entrants (de 1 759 à 2 095), particulièrement chez les 25 à 39 ans. Ainsi, contrairement à l’année précédente, l’Abitibi-Témiscamingue enregistre des gains nets de migration chez les 25 à 34 ans en 2020-2021, avec un nombre d’entrants légèrement plus élevé que de sortants. Parmi les autres groupes d’âge, on note aussi un gain net chez les 35 à 39 ans, qui s’explique par une augmentation d’entrants, alors que le nombre de sortants est demeuré stable. A contrario, à l’image des années antérieures, ce sont chez les 15 à 24 ans que les pertes nettes sont les plus élevées dans la région en 2020-2021. À eux seuls, ces jeunes représentent 20 % des migrants sortant de la région.

À l’échelle des MRC, le Témiscamingue a le mieux tiré son épingle du jeu dans ses échanges migratoires (+47) en 2020-2021, et ce, pour une deuxième année consécutive. Elle est suivie des MRC d’Abitibi (+15) et d’Abitibi-Ouest (-3). La Ville de Rouyn-Noranda a réduit de moitié ses pertes nettes (-88), alors que la Vallée-de-l’Or en encaisse davantage (-176) que l’année précédente. Fait intéressant à noter : 44 % des pertes nettes de la Vallée-de-l’Or n’ont pas quitté l’Abitibi-Témiscamingue, ces sortants s’étant dirigés vers les autres MRC de la région.

LA DERNIÈRE DÉCENNIE MIGRATOIRE

Entre la période 2011-2016 et celle de 2016-2021, on observe que l’Abitibi-Témiscamingue a non seulement enregistré des pertes migratoires interrégionales pendant les deux périodes quinquennales, mais que ces dernières se sont accentuées. Le solde qui était de -1 119 entre 2011 et 2016 est passé à -1 751 entre 2016 et 2021, faisant passer le taux net de migration de -0,8 % à -1,2 %. C’est principalement la diminution des entrants qui est à l’origine de la détérioration du bilan migratoire interrégional, alors que le nombre de sortants s’est quelque peu atténué entre la période 1991-1996 et celle de 1996-2001.

À l’échelle des MRC, bien que les sorties l’emportent sur les entrées partout, on constate néanmoins que l’évolution du solde migratoire entre les deux périodes diffère d’un territoire à l’autre. Le Témiscamingue affiche un certain statu quo dans sa dynamique migratoire interrégionale pour ces deux périodes, avec un solde net de -266 et -254 personnes. L’Abitibi-Ouest a vu ses pertes nettes diminuer de 33 % en raison d’un nombre de sortants beaucoup moins important entre 2016 et 2021 que lors de la période précédente. Du côté de la MRC d’Abitibi, on note des pertes migratoires un peu plus élevées pour la période 2016-2021 en raison d’une diminution d’entrants. Les pertes nettes beaucoup plus importantes pour les territoires de Rouyn-Noranda et de La Vallée-de-l’Or s’expliquent par la forte diminution du nombre d’entrants entre les deux périodes. En somme, malgré un taux de rétention un peu plus important dans l’ensemble des MRC (avec moins de sortants), trois territoires ont vu leurs pertes s’intensifier en raison d’une moindre capacité d’attraction (moins d’entrants).

Pour conclure, les trajectoires migratoires ont peu changé entre la période 2011-2016 et 2016-2021. Les flux les plus forts d’entrants vers la région proviennent de l’Outaouais, du Nord-du-Québec, des Laurentides et de Montréal. Inversement, les flux de sortants de la région se dirigent vers les mêmes régions, hormis le Nord-du-Québec, qui est remplacé par la Capitale-Nationale. L’Abitibi-Témiscamingue est déficitaire dans ses échanges avec 12 régions administratives, où les pertes nettes les plus lourdes profitent aux régions de la Capitale-Nationale, des Laurentides, de l’Estrie et de la Mauricie pour ces deux périodes. On observe que les pertes nettes de la région tendent à s’intensifier pour trois d’entre elles (Laurentides, Capitale-Nationale et Estrie) entre 2011-2016 et 2016-2021.

Nombre d'entrants, de sortants et soldes migratoires interrégionaux
> MRC de l’Abitibi-Témiscamingue, 2011-2016 et 2016-2021


 

Entrants

Sortants

Solde net

2011-2016

2016-2021

2011-2016

2016-2021

2011-2016

2016-2021

Abitibi

4 100

3 748

4 237

3 938

-137

-190

Abitibi-Ouest

2 743

2 534

3 135

2 659

-392

-126

La Vallée-de-l'Or

6 863

6 189

7 159

6 932

-296

-743

Rouyn-Noranda

6 430

5 733

6 458

6 171

-28

-438

Témiscamingue

1 842

1 672

2 108

1 926

-266

-254

Région A-T1

11 259

9 853

12 378

11 604

-1 119

-1 751

1. La somme des entrants et des sortants des MRC d’une région est toujours supérieure au résultat régional; la différence entre les deux correspond aux déplacements entre les MRC de cette région.
Compilation : Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue à partir des données de l’Institut de la statistique du Québec.

 

 



M'inscrire