L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Ressources minières

Une industrie d'ampleur

— Valérie Shaffer

Véritable locomotive économique, l’industrie minière a généré en Abitibi-Témiscamingue, en 2018, 1 emploi sur 7, soit plus de 11 000 emplois. Au cours des dernières années, les investissements et les livraisons minérales ont été au rendez-vous, ce qui s’accompagne de certains défis.




En novembre 2018, huit mines étaient actives en Abitibi-Témiscamingue, et plusieurs projets miniers étaient en développement. Cependant, l’arrêt de l’exploitation était prévue pour les mines Beaufor et Lapa à la fin de l’année 2018.

Après avoir connu des sommets en 2010 (1,42 G$) et en 2012 (1,16 G$), les investissements miniers dans la région ont diminué jusqu’en 2015 (0,71 G$), pour ensuite remonter et atteindre, en 2017, 1,09 G$.

En 2017, l’Abitibi-Témiscamingue figurait au 2e rang des régions en ce qui concerne l’importance des investissements totaux, après le Nord-du-Québec et avant la Côte-Nord. Ensemble, ces 3 régions se partageaient 96 % des investissements, avec des parts respectives de 36 %, 41 % et 19 %.

LIVRAISONS MINÉRALES EN HAUSSE
La conjoncture des dernières années semblent avoir été profitable aux gisements miniers puisque l’analyse sur un horizon de 10 ans montre que la valeur des livraisons minérales n’a cessé d’augmenter, passant de 829 M$ (2008) à 2,24 G$ (2017). Depuis 2015, l’Abitibi-Témiscamingue se situe également au 2e rang quant à la valeur de ses livraisons minérales, derrière le Nord-du-Québec et devant la Côte-Nord. Les prévisions pour 2018 montrent une stabilité par rapport à 2017.

Dans la région, les principales extractions sont celles de l’argent, l’or, le sable et le gravier. En 2017, l’or a rapporté 2,12 G$ sur une valeur totale de 2,24 G$ pour l’ensemble des livraisons.

Investissements miniers et valeur des livraisons minérales
> Abitibi-Témiscamingue, 2008 à 2017

Sources : Institut de la statistique du Québec, Recensement annuel sur l’investissement minier et Recensement annuel des mines, des carrières et des sablières

DE NOMBREUX EMPLOIS
En 2018, plus de 410 établissements situés en Abitibi-Témiscamingue avaient pour principale activité des activités relatives à l’industrie minière et ses filières. Ils offraient 11 212 emplois, soit 14,7 % des emplois de l’ensemble des industries dans la région. Plus de 40 % de ces emplois étaient directs (extraction minière, activités de soutien à l’extraction minière et première transformation des métaux).

1 emploi sur 7
est directement ou indirectement
lié à l’industrie minière

Les territoires de La Vallée-de-l’Or et de Rouyn-Noranda disposaient, à eux seuls, de 63 % des emplois offerts dans la région. Dans un ordre décroissant, les MRC d’Abitibi, d’Abitibi-Ouest et de Témiscamingue se répartissaient la part restante.

Par ailleurs, notons qu’une partie des emplois offerts par l’industrie minière et ses filières du Nord-du-Québec est occupée par une main-d’œuvre domiciliée en Abitibi-Témiscamingue. On pense notamment aux travailleurs qui s’adonnent au navettage (fly-in, fly-out) entre les deux régions.

Mines actives et quelques projets miniers
> Abitibi-Témiscamingue, 2018

Mines actives

Quelques projets miniers

Elder

(Mines Abcourt)

Granada

(Granada Gold Mine)

Westwood

(Société IAMGOLD)

Horne 5

(Ressources Falco)

LaRonde

(Mines Agnico Eagle)

Akasaba Ouest

(Mines Agnico Eagle)

Lapa

(Mines Agnico Eagle)

Authier

(Sayona Québec)

Goldex

(Mines Agnico Eagle)

Lamaque

(Eldorado Gold Corporation)

Beaufor

(Corporation Aurifère Monarques)

Dumont Nickel

(Magneto Investments Limited Partnership)

North American Lithium

(North American Lithium)

Croinor Gold

(Corporation Aurifère Monarques)

Canadian Malartic (Partenariat Canadian Malartic)

O’Brien

(Ressources minières Radisson)

Projet Extension Malartic

(Mine Canadian Malartic)

Sources : Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Direction de l’information géologique du Québec, Cartes minières, novembre 2018 et Carte interactive - Projets majeurs

DÉFIS ET PISTES D’ACTION

> Acceptabilité sociale

Il y a quelques années, l’acceptabilité sociale s’est révélée comme une nouvelle réalité avec laquelle devait composer l’industrie minière. Depuis, dans son nouveau rôle-conseil en matière d’acceptabilité sociale, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a défini des orientations, des pratiques et des outils favorisant le dialogue entre le promoteur, les parties prenantes et les citoyens de la communauté directement concernée afin d’établir les conditions permettant la réalisation ou non d’un projet de développement1. Par ailleurs, il est à noter que depuis 2016, la Loi sur les mines accorde aux MRC la possibilité de définir des territoires incompatibles avec l’activité minière dans leur schéma d’aménagement et de développement.

> Restauration des sites miniers

Un site minier non restauré a des impacts négatifs sur l’environnement. Au 31 mars 2017, la région comptait 105 sites abandonnés, dont 70 ont été restaurés, 14 étaient en restauration et 21 n’étaient pas restaurés2. Afin de protéger le plus possible l’environnement, les innovations et les actions se multiplient. L’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) dispose notamment d’une expertise en gestion intégrée des rejets miniers et en restauration des sites miniers. Quant au Centre technologique des résidus industriels (CTRI), il travaille entre autres à la valorisation des résidus miniers et des ressources sous-utilisées.

> Main-d’œuvre et logement

Dans le contexte actuel d’un faible taux de chômage et d’un faible taux d’inoccupation des logements dans la région, l’ouverture d’une nouvelle mine soulève des questions. Par exemple, comment peut s’effectuer le recrutement de la main-d’œuvre sans nuire aux autres industries et comment limiter les impacts négatifs sur la disponibilité et le prix des logements? Dans cette perspective, différentes mesures sont envisageables, tels l’emploi des personnes éloignées du marché du travail (les travailleurs sans emploi et aptes au travail et les retraités) et le recours à l’immigration3.

> Formation et sécurisation autochtone

Le développement de l’industrie minière, notamment dans le Nord-du-Québec, met en relief l’importance d’intégrer la main-d’œuvre autochtone et de lui offrir une formation culturellement adaptée. Dans cette optique, l’Institut national des mines (INMQ) propose trois pistes d’action pour favoriser la sécurisation culturelle des Autochtones et ainsi les attirer, les retenir et les mener à la réussite éducative :

1. Recréer la communauté en désignant des espaces qui procurent aux Autochtones un sentiment de solidarité et de proximité. Ces espaces facilitent la discussion et la transposition des concepts abstraits dans leur contexte culturel et communautaire;

2. Développer la compétence culturelle des individus et des organisations allochtones dans l’objectif de créer un environnement dépourvu de stéréotypes;

3. En s’inspirant de modèles holistiques de l’apprentissage chez les Autochtones, opter pour une approche expérientielle qui mise sur des ressources humaines multidisciplinaires4.

> À l’ère de l’industrie 4.0

L’automatisation et la numérisation transforment la nature du travail dans l’industrie minière. Le contrôle à distance des opérations en est une illustration. Ainsi, il est à prévoir que de nouvelles compétences seront continuellement exigées de la main-d’œuvre et que, par le fait même, les entreprises minières augmenteront la formation qu’elles offrent à leurs employés5.

Industrie minière et ses filières, établissements et emplois
> MRC de l’Abitibi-Témiscamingue, 2018

 

Abitibi

Abitibi-Ouest

La Vallée-de-l’Or

Rouyn-Noranda

Témiscamingue

Abitibi-Témiscamingue

 

Établ.

Emplois

Établ.

Emplois

Établ.

Emplois

Établ.

Emplois

Établ.

Emplois

Établ.

Emplois

Extraction minière

5

798

2

24

10

1 662

10

917

1

11

28

3 412

Activités de soutien à l’extraction minière

2

12

2

6

25

200

25

328

1

10

55

556

Première transformation des métaux

1

4

0

0

3

14

1

600

0

0

5

618

Total emplois directs  

8

814

4

30

38

1 876

36

1 845

2

21

88

4 586

Fournisseurs et équipementiers (emplois indirects)

41

420

22

603

149

3 229

98

2 258

12

116

322

6 626

Total industrie minière et ses filières

49

1 234

26

633

187

5 105

134

4 103

14

137

410

11 212

Ensemble des industries

1 066

12 542

816

8 625

1 728

25 350

1 632

22 472

911

7 481

6 153

76 470

Source : Centre de recherche industrielle du Québec. Portail d’information sur les établissements, 2018. Compilation Emploi-Québec, direction régionale Abitibi-Témiscamingue. 

L’établissement se définit comme étant une unité de production (ensemble d’installations servant à l’exploitation d’une entreprise), située en un point géographique précis, où se fait l’activité économique (produits fabriqués ou services offerts). Les établissements ont été classés selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN).

 

+ L’Observatoire a publié un article en 2017 sur l’estimation des besoins de main-d’œuvre du secteur minier pour 2017-2021 avec tendances 2027. Consultez-le.

Sources : 1. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), Livre vert sur l’acceptabilité sociale. 2. MERN, Liste des sites miniers abandonnés en date du 31 décembre 2017. 3. Bernard Gauthier, Pénurie de main-d’œuvre, Magazine MCI, mai 2018, p. 20-21. 4. Institut national sur les mines du Québec (INMQ), Favoriser la sécurisation culturelle des Autochtones en formation minière au Québec, 2017. 5. INMQ, Portrait de la formation dispensée par les entreprises minières à leur personnel. Analyse comparative 2013-2016, 2017.



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